Sur un
Diplocidaris marocain : Diplocidaris mauritanicus nov. sp. Avec 1
planche (XXXVII) et 2 fig. dans le texte.
Le genre Diplocidaris n'a été signalé jusqu'ici que par des fragments
de test et des radioles dans le Mésozoïque du N de l'Afrique. On le
connaît du Bajocien du Maroc et d'Egypte (D. incerta FOURTAU),
du Séquanien d'Algérie (D. gigantea AG. et D. verrucosa
GAUTEIIER), du Maroc occidental (D. gigantea AG.) et d'Egypte (D.
gigantea AG.)1). Il est d'autant plus intéressant de pouvoir
décrire et figurer une espèce nouvelle du Maroc représentée par un
test complet, remarquable par sa taille. Cet exemplaire m'a été
communiqué par M. le Dr J. GUBLER, géologue à la Société chérifienne
des Pétroles à Rabat, avec d'autres Echinides à déterminer. Bien que
très décortiqué, en partie éclaté, ce test est partiellement assez
bien conservé pour permettre une étude détaillée de presque toutes ses
parties. De plus l'apex y est adhérent et ses contours tout au moins
sont bien observables.
Dimensions:
Diamètre env. 70 mm |
Diamètre de l'apex
19-20 mm |
Hauteur env. 53 mm |
Diamètre du péristome
30 mm |
Nombre de plaques
ambulacraires au moins . . 120 |
Nombre de plaques
interambulacraires, min. . . 10 |
Espèce de grande taille, circulaire, bombée en dessus, aplatie et un
peu rétrécie en dessous, régulièrement renflée au pourtour.
Ambulacres à peine ondulés, environ 4 fois plus étroits
que les
interambulacres à l'ambitus.
Zones porifères peu déprimées, formées de primaires
subégales,
portant deux colonnes de granules internes saillants,
imperforés,
mamelonnés, alternant d'une primaire à l'autre avec des
granules
beaucoup plus petits, mamelonnés à l'ambitus seulement.
Dans cette
région, ces derniers sont accompagnés de deux granules
disposés
plus ou moins symétriquement. A l'ambitus, du côté
interne, les primaires
portant les plus gros granules sont un peu élargies, alors que
les plaques alternantes sont au contraire rétrécies.
Pores disposés en quatre colonnes, caractère propre au
genre.
Les internes sont plutôt arrondis, les externes
elliptiques ou ovalaires.
Ceux de la même primaire sont séparés par un renflement
allongé,
abrupt d'un côté, s'atténuant graduellement dans le
sens opposé.
Fig. 1.
Diplocidaris mauritanicus nov. spec. Ambulacre Gr. 5.
1 a Au contact de l'apex. lb Entre l'apex
et l'ambitus. 1c A l'ambitus. 1d Au voisinage du péristome. (Dans
cette région, la décoration a disparu et les pores n'ont ni la
grandeur ni la forme primitives, grâce à la dissolution partielle du
test.).
Zones interambulacraires larges, formées d'au moins 10 plaques
superposées, portant de grands tubercules subcentraux à l'ambitus. Ces
tubercules sont scrobiculés, crénelés, mamelonnés et perforés. Les
scrobicules sont circulaires en dessus, elliptiques et tangents en
dessous de l'ambitus. Les cercles scrobiculaires sont formés d'un
anneau de granules simples, mamelonnés, alternant avec des essaims de
très petites verrues.
Zone adambulacraire étroite. Zone miliaire peu étendue, recouverte de
granules peu serrés de même grosseur que ceux des cercles
scrobiculaires. Dans les intervalles apparaissent quelques verrues.
Fig. 2. Diplocidaris
maurilanicus nov. spec. Apex. Gr. 3,3. |
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Contour de l'apex conservé. Malheureusement il est impossible de
reconnaître la plaque madréporique, les hydrotrèmes n'ayant pas laissé
de traces visibles dans les cassures spathiques. Le périprocte,
probablement un peu déformé est ovale, avec un diamètre de 10-11 mm.
Plaques génitales grandes, irrégulières, anguleuses, inégales. Elles
portent de grands pores génitaux circulaires ou elliptiques. La
surface est recouverte de granules inégaux assez rapprochés, le plus
souvent disparus. Plaques ocellaires en trapèze élargi, à pore très
rapproché du bord externe. La décoration paraît y être un peu plus
fine que sur les génitales.
Le péristome est grand puisqu'il atteint un peu moins de la moitié du
diamètre total. Il paraît être partout incomplet sur les bords.
Radioles inconnus.
Par sa taille, cette belle espèce se rapproche du D. Etalloni
DE LOR. du Rauracien d'Europe. Elle est toutefois plus haute, plus
renflée, formée d'un nombre relativement plus grand de plaques
coronales. Comme chez l'exemplaire marocain, cette dernière montre,
dans les ambulacres, une alternance de grands granules avec d'autres
très fins. Les granules y étant très voisins des zones porifères, la
partie interne des ambulacres y est assez large, couverte d'une fine
granulation, n'existant pas dans l'espèce du Maroc. D. Etalloni
DE LOR. a d'ailleurs un habitus bien différent, de sorte qu'il ne peut
être confondu avec notre forme.
A première vue, il en est autrement du D. Choflati LAMBERT du
Callovien du Portugal. Moins haute que la nôtre, cette espèce porte
une décoration assez grossière, avec scrobicules subelliptiques en
dessous. Mais la structure de ses ambulacres est toute différente.
Dans les zones interporifères, on trouve 2 colonnes de granules
rapprochés. Il y aurait en outre soudure de deux primaires pour une
majeure unigranulifère.
Sous le nom erroné de D. gigantea AG., DE LORIOL a figuré un
fragment de test d'une espèce portugaise, montrant dans les ambulacres
une alternance de primaires unigranuleuses avec d'autres, plus
étroites portant un rang horizontal de fines verrues. En outre les
plaques, grossièrement ornées, montrent un granule interne plus petit
dans la zone interporifère. Dans les interambulacres, les zones
adambulacraires et miliaires sont larges, finement granuleuses. Il ne
s'agit en tous cas pas du D. gigantea AG. dont chaque primaire
porte un seul granule mamelonné, sensiblement de même grandeur du haut
en bas de la zone porifère. Cette espèce, très voisine de la nôtre,
provient du Lusitanien de Torres Vedras. C'est à cet étage que se
rapportent les autres Diplocidaris portugais connus, à l'exception du
D. Choffati, dont il a été question plus haut.
De la Catalogne, il n'a été signalé jusqu'ici qu'un fragment de
radiole.
Nous sommes en présence d'une forme du Dogger africain, dont une
partie des caractères se retrouve au Callovien et au Lusitanien
d'Europe. S'agit-il d'affinités étroites ou de simples convergences
entre des formes de régions et de niveaux si éloignés? Les documents
que nous avons actuellement sont trop peu nombreux pour permettre de
prendre une décision à cet égard.
Niveau:
Bajocien-Bathonien. Localité: Moussaoua (Maroc).
Collection:
M. Dr J. GUBLER, Société chérifienne des Pétroles, Rabat (Maroc).
planche XXXVII,
extrait
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