N° 2506.
Heterodiadema libycum,
Cotteau, 1864.
(Desor, 1846.)
Pl. 1124.
T. 14.
Espèce de taille moyenne, sub-circulaire, très-légèrement pentagonale,
plus ou moins renflée en dessus, presque plane en dessous. Zones
porifères droites, un peu déprimées, composées, dans toute leur
étendue, de pores simples, arrondis, directement superposés, ne se
multipliant pas près du péristome. Aires ambulacraires à peine
renflées, commençant à l'élargir à peu de distance du sommet, garnies
de deux rangées de tubercules finement crénelés et perforés,
scrobiculés, au nombre de vingt-trois à vingt-quatre par série. Ces
tubercules, placés très-près des zones porifères, sont assez gros vers
l'ambitus, et diminuent sensiblement de volume à la face supérieure ;
l'intervalle qui sépare les deux rangées est large et couvert de
granules abondants, serrés, homogènes, qui forment en outre, à la face
supérieure, sur le bord des zones porifères, une rangée sub-onduleuse.
De petites verrues microscopiques, apparentes seulement dans les
exemplaires parfaitement conservés, se mêlent çà et là aux granules.
Aires interambulacraires étroites aux approches du sommet, larges vers
l'ambitus, pourvues de deux rangée de tubercules à peu près identiques
à ceux qui recouvrent les ambulacres, un peu plus gros cependant,
notamment à la face supérieure, au nombre de dix-sept à dix-huit par
série. Tubercules secondaires nuls. Zone miliaire assez large, nue et
sub-déprimée à la face supérieure. Granules intermédiaires
très-abondants, serrés, inégaux, finement mamelonnés, d'autant plus
gros qu'ils se rapprochent des zones porifères et de la place occupée
d'ordinaire par les tubercules secondaires ; ces granules forment des
cercles assez réguliers autour des tubercules plus espacés de la face
supérieure. De petites verrues microscopiques, éparses, accompagnent
les granules, et affectent autour d'eux une disposition hexagonale
plus ou moins prononcée. Les interambulacres présentent de chaque
côté, aux approches du péristome, une bande lisse et déprimée qui
s'atténue et disparaît au fur et à mesure qu'elle remonte vers la
région inframarginale. Péristome de petite taille, circulaire, muni de
fortes entailles, s'ouvrant à fleur du test ; les bords ambulacraires
sont à peine aussi larges que ceux qui correspondent aux
interambulacres. Appareil apicial, d'après l'empreinte qu'il a
laissée, très-allongé, pentagonal, anguleux, pénétrant profondément au
milieu de l'aire interambulacraire impaire.
Hauteur, 14 millimètres ; diamètre, 31 millimètres. Individu de grande
taille et plus renflé : hauteur, 19 millimètres ; diamètre, 35
millimètres.
Radiole allongé, grêle, sub-cylindrique, garni de stries fines et
longitudinales. Collerette très-étendue, striée, plus étroite que la
tige dont elle est séparée par un bourrelet oblique et épais. Bouton
relativement assez développé ; anneau saillant ; facette articulaire
petite, crénelée.
Cette espèce varie un peu dans sa forme, qui est plus ou moins
renflée. Quant aux autres caractères, ils persistent avec une
constance remarquable dans tous les exemplaires que nous connaissons,
et aucune différence digne d'être signalée ne sépare les échantillons
assez nombreux qu'on rencontre en Algérie de ceux qui ont été
recueillis aux environs des Martigues. Ces derniers cependant sont en
général un peu plus épais, plus élevés, et M. Desor, dès 1846,les
avait distingués en en faisant la variété inflata.
Rapports et différences.
- Cette espèce forme le type du genre Heterodiadema, et sera
toujours facilement reconnaissable à ses pores directement superposés
depuis le sommet jusqu'au péristome, au nombre et à la disposition de
ses tubercules, qui diminuent sensiblement de volume à la face
supérieure, à l'absence de tubercules secondaires, à ses granules
abondants, serrés, mamelonnés, accompagnés de petites verrues, à son
péristome étroit, fortement entaillé et ayant les lèvres ambulacraires
moins larges que les autres, à la forme toute particulière de son
appareil apicial, à ses radioles grêles, aciculés, unis d'une longue
collerette.
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Histoire. - Cette
curieuse espèce a été mentionnée pour la première fois par M. Desor,
en 1846, dans le Catalogue raisonné des Echinides, sous les nom
de Hemicidaris libyca : la face supérieure un peu usée de
l'exemplaire d'Egypte, qui servait de type à l'espèce, ne permettait
pas de reconnaître l'empreinte si remarquable de l'appareil apicial.
Dès cette époque, M. Desor réunit à son Hemicidaris Libyca les
échantillons des Martigues, comme variété plus renflée (var.
inflata). Dans le Synopsis des Echinides fossiles, cette
espèce est reportée avec raison parmi les Pseudodiadema, avec
lesquels elle présente évidemment beaucoup plus d'affinité qu'avec les
Hemicidaris. En 1859, nous avons décrit et figuré, sous le nom
de Pseudod. Martinianum, la variété renflée des Martigues, en
insistant sur le développement anormal de l'appareil apicial, et en
1862 nous en avons fait le type du genre Heterodiadema. Depuis
M. Coquand a de nouveau décrit et figuré cette même espèce. Il lui a
d'abord donné le nom de Pseud. Batnense ; revenant ensuite sur
cette opinion dans le supplément publié à la fin de son ouvrage, il a
cru devoir la réunir au genre Pygaster, trompé sans doute par
le prolongement extraordinaire de l'appareil apicial. Il suffit
d'examiner avec attention la physionomie générale de cette espèce, la
forme et la disposition de ses tubercules et des granules qui les
accompagnent, la structure même de l'appareil apicial pour se
convaincre qu'elle ne saurait, en aucune façon, se rapprocher des
Pygaster, et qu'elle appartient par tous ses caractères à la division
des Echinides réguliers. En la maintenant dans notre genre
Heterodiadema, nous lui avons rendu le nom de Libycum, qui
lui avait été donné en 1846.
Localités. - Environs
des Martigues (Bouches-du-Rhône), associé à l'Ostrea columba ;
Batna, Tebessa et au col de Sfa (M. Coquand), environs de l'oasis de
Mograr-Tahtania, au bord du grand désert (M. Dastugue) (Algérie).
Egypte. Assez rare. Etage turonien.
Suivant M. Hébert, cette espèce, ainsi que le Pseud. Marticense,
se montre aux Martigues au-dessous de la zone à Caprina adversa,
et appartient à l'étage cénomanien de d'Orbigny.
Coll. de l'Ecole des mines, de la Sorbonne, coll. Péron, Schlumberger,
Coquand, Honoré Martin, Flouest, Dastugue, ma collection.
Explication des figures.
- Pl. 1124, fig. 1, H. Libycum, de Batna, de la coll. de M.
Schlumberger, vu de côté ; fig. 2, face sup. ; fig. 3, face inf. ;
fig. 4, aire ambul. grossie ; fig. 5, plaques ambul. grossies ; fig.
6, plaques interambul. grossies ; fig. 7, tubercule grossi, vu de
profil ; fig. 8, empreinte de l'appareil apicial grossie ; fig. 9,
autre exemplaire, var. inflata, de la craie des Martigues, de
ma collection, vu de côté ; fig. 10, face sup. ; fig. 11, face inf. ;
fig. 12, 13, 14 et 16 radioles de différente taille, grandeur
naturelle et grossis, pris sur un exemplaire de Batna.
Pl. 1124 (extrait)
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