N° 226. -
Rhabdocidaris Orbignyana (Agassiz),
Desor, 1856.
Pl. 223, 224,
225 et 226, fig. 1-7.
Espèce de très-grande taille, haute, renflée, légèrement déprimée en
dessus, rentrante en dessous. Zones porifères subonduleuses, un peu
plus larges que les aires ambulacraires, subdéprimées, composées de
pores ovales, inégaux, les externes un peu plus allongés que les
autres, sans que cependant la différence soit très-apparente, unis par
un sillon profond, bordé de cloisons étroites, transverses, en forme
de lames saillantes. Aires ambulacraires, subonduleuses comme les
zones porifères, garnies de deux rangées de petits granules égaux,
serrés, mamelonnés, placés très-près du bord. Deux autres rangées de
granules plus petits, plus espacés, mais cependant régulièrement
disposés, se montrent au milieu de l'aire ambulacraire et tendent à
disparaître aux approches du sommet ou du péristome. Ces granules sont
accompagnés de petites verrues éparses, plus ou moins abondantes, plus
ou moins développées, toujours très-distinctes des deux rangées
principales, mais tendant quelquefois à se confondre avec les deux
séries intermédiaires. Tubercules interambulacraires assez gros,
saillants, perforés, fortement mamelonnés et crénelé, au nombre de
sept et quelquefois huit par série. Scrobicules peu déprimés,
circulaires et espacés à la face supérieure, sensiblement elliptiques
en se rapprochant du péristome. Cercles scrobiculaires presque partout
complets, composés de granules écartés, mamelonnés, bien distincts des
autres. Zone miliaire large, à peine déprimée au milieu, couverte de
granules nombreux, serrés, épars, d'autant plus petits qu'ils se
rapprochent du milieu de la zone, offrant souvent près de la suture
une tendance à s'allonger transversalement. L'espace intermédiaire est
occupé par des verrues très-fines, plus ou moins abondantes, formant,
autour des granules scrobiculaires, des cercles ou des demi-cercles
distincts. Les cercles scrobiculaires sont très-rapprochés des zones
porifères et laissent à peine la place à quelques granules de même
nature que ceux qui couvrent la zone miliaire. Péristome subcirculaire
un peu moins grand que l'appareil apical qui, à en juger par
l'empreinte qu'il a laissée, était plus nettement pentagonal.
Radioles variables dans leur forme, allongés, quelquefois
cylindriques, le plus souvent triangulaires et affectant, surtout à la
partie supérieure, une forme prismatique, irrégulière et plus ou moins
comprimée, garnis d'épines saillantes, anguleuses, tantôt éparses,
presque toujours disposées en séries régulières sur les angles de la
tige. L'espace intermédiaire est occupé par une granulation plus ou
moins fine, abondante, serrée, homogène ou inégale, éparse ou disposée
en séries régulières. Un peu au-dessus de la collerette les épines,
puis la granulation s'atténuent et disparaissent, et la base de la
tige devient tout à fait lisse. Collerette courte, épaisse, finement
striée, limitée par une ligne tranchée. Bouton bien développé ; anneau
saillant ; facette articulaire fortement crénelée.
Les granules ambulacraires portent de petits radioles allongés, plus
ou moins comprimés, ornés de stries fines et longitudinales.
Individu de grande taille : hauteur, 67 millimètres ; diamètre, 92 mm.
Longueur du radiole (portion connue), 109 millimètres ; épaisseur, 7 à
8 millimètres.
Nous avons pu examiner un grand nombre d'exemplaires appartenant à
cette espèce. Quelques-uns présentent dans la disposition de leurs
granules ambulacraires des variations que nous devon signaler. Chez
les échantillons types les aires ambulacraires sont munies de quatre
rangées de granules, les deux externes plus développées que les
autres, les deux internes toujours plus petites, mais également bien
distinctes. Dans certains exemplaires ces deux rangées internes sont
remplacées par une granulation abondante, inégale et qui paraît, au
premier aspect, disséminée sans ordre. Cette modification est plus
apparente que réelle, et chez ces derniers exemplaires les deux
rangées internes existent le plus souvent comme chez les deux rangées
internes existent le plus souvent comme chez les autres ; seulement
elles sont accompagnées de verrues relativement plus développées, qui
se mêlent aux deux rangées de granules, se confondent avec elles et
prennent ensemble l'aspect d'une granulation éparse et homogène. Aux
approches du péristome, les aires ambulacraires varient également dans
leur aspect. Certains échantillons conservent, parfaitement
distinctes, les quatre rangées de granules, mais le plus souvent les
granules principaux se resserrent, grossissent, et les rangées
intermédiaires disparaissent.
La forme générale de l'espèce varie également ; nous avons fait
figurer, pl. 223, un exemplaire remarquable, faisant partie de la
collection de l'Ecole des mines et recueilli par M. Bayan, dans
l'étage corallien inférieur des environs de Salins (Jura). Son
diamètre transversal ne dépasse que de quelques millimètres sa hauteur
; sa face inférieure est étroite, rentrante, pour ainsi dire
subamincie, et lui donne un aspect tout particulier ; il nous a paru
cependant offrir les caractères essentiels du R. Orbignyana,
auquel, malgré sa forme étrange, nous n'avons pas hésité à le réunir.
Rapports et différences.
- Le R. Orbignyana, parfaitement caractérisé par son test et
surtout par ses radioles, ne saurait être confondu avec aucun de ses
congénères. Ses quatre rangées de granules ambulacraires le
rapprochent du R. copeoides ; il en diffère par ses aires
ambulacraires plus onduleuses, par ses tubercules interambulacraires
plus saillants, plus fortement crénelés et mamelonnés, par ses
scrobicules plus rapprochés des zones porifères et entourés de
granules plus apparents, par sa zone miliaire plus large et couverte
de granules plus
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abondants et
plus serrés, et par ses radioles tout à fait distincts. Le R.
Orbignyana s'éloigne également d'une manière positive des R.
nobilis et maxima. Ces deux espèces seront toujours
reconnaissables à leurs zones porifères plus étroites, à leurs aires
ambulacraires plus larges et couvertes, entre les deux rangées
principales, d'une granulation fine, abondante, homogène, éparse, à
leurs scrobicules plus superficiels et plus éloignés des zones
porifères.
M. de Loriol, dans l'Echinologie helvétique, a décrit et
figuré, sous le nom de R. caprimontana, un magnifique
Rhabdocidaris, qui présente les plus grands rapports avec le R.
Orbignyana. L'auteur signale, il est vrai, quelques différences
dans le développement des granules scrobiculaires et des granules
miliaires ; mais, après avoir étudié comparativement tous nos
exemplaires de Rhabdocidaris Orbignyana, au nombre de plus de
trente et provenant de plusieurs étages, nous avons regardé ces
différences comme n'ayant que peu d'importance et nous sommes porté à
croire que le test décrit par M. de Loriol appartient au R.
Orbignyana et non au R. caprimontana. Les deux espèces nous
ont toujours paru parfaitement distinctes, et ce qui nous détermine
surtout à les séparer, ce sont les dissemblances profondes qui
existent entre les radioles anguleux, tricarénés et prismatiques du
R. Orbignyana et les radioles cylindriques, comprimés et
rémiformes du R. caprimontana. En ce qui touche l'exemplaire
décrit et figuré par M. de Loriol, nous ne voulons pas trancher la
question, mais seulement soumettre notre opinion à l'appréciation de
notre savant ami. Je ne pense pas qu'aucun radiole du R.
caprimontana ait été trouvé adhérent au test de cet échantillon ;
il provient des couches séquaniennes de Baden dans lesquelles l'a
recueilli M. Moesch, et rien ne s'oppose à ce que le R. Orgignyana,
si fréquent dans l'étage séquanien de France, ait existé, à cette
époque, en Suisse, en même temps que le R. caprimontana.
Histoire. - En 1840,
Agassiz, tout en désignant l'espèce qui nous occupe sous le nom de
Cidaris Orbignyana, donnait aux radioles celui de Cidaris
tripterygia. En 1847, Agassiz et Desor firent cesser cette
confusion et réunirent le C. tripterygia au C. Orbignyana.
En 1856, M. Desor plaça l'espèce dans le genre Rhabdocidaris.
Tous les auturs sont d'accort pour lui rapporter les C. subnobilis
et macroacantha.
Localités. - Environs de
Salins (Jura) ; Châtel-Censoir, Merry-sur-Yonne, Coulanges-sur-Yonne
(Yonne). Etage corallien inférieur. - La Rochelle (Charente) ; Bourges
(Cher). Etage corallien supérieur. - Epineuil près Tonnerre (Yonne) ;
les Riceys, Baroville, Bar-sur-Aube, Fontaine (Aube) ; Blaise près de
la Garenne, Marbeville, Harmeville, Donjeux (Haute-Marne) ;
Châtelaillon (Charente-Inférieure) ; Lavaucourt, Changey (Haute-Saône)
; Montfaucon, Mauvage (Meuse) ; cap de la Hève, Sainte-Adresse,
Bléville, Octeville, Criqueboeuf (Seine-Inférieure). Etage
kimméridgien.
Ecole des mines de Paris, Muséum de Paris, coll. de la Sorbonne,
musées du Havre, de la Rochelle, de Dijon, coll. Royer, Chesnel, Peron,
Gauthier, Jarry, ma collection.
Localités autres que la France.
- Weymouth (Angleterre) ; Laufon (Jura Bernois). Etage ptérocérien. -
Vorbourg, Alle, Porrentruy (Jura Bernois). Etage virgulien.
Explication des figures.
- Pl. 223, fig. 1, R. Orbignyana, de l'étage corallien
inférieur des environs de Salins, de la coll. de l'Ecole des mines (M.
Bayan), vu de côté ; fig. 2, face supérieure. - Pl. 224, fig. 1, R.
Orbignyana, de l'étage corallien supérieur de Pouilly, de la coll.
de la Sorbonne, vu sur la face inférieure ; fig. 2, portion de l'aire
ambulacraire grossie, prise vers l'ambitus et montrant la disposition
des granules internes ; fig. 3, portion grossie, prise à la face
supérieure ; fig. 4, portion grossie, prise à la face inférieure ;
fig. 5, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise vers l'ambitus
sur un autre individu provenant également de l'étage corallien
supérieur de Puilly (M. Ebray), montrant la différence des granules
ambulacraires ; fig. 6, plaque ambulacraire grossie. - Pl. 225, fig.
1, R. Orbignyana, exemplaire de grande taille, du terrain
kimméridgien des Riceys (Aube), de ma collection, vu de côté ; fig. 2,
portion de l'aire ambulacraire grossie, prise vers l'ambitus ; fig. 3,
radiole granulaire ; fig. 4, le même grossi ; fig. 5, individu jeune,
du terrain kimméridgien des Riceys, de ma coll., vu de côté ; fig. 6,
portion des aires ambulacraires grossie, prise vers l'ambitus ; fig.
7, portion grossie, prise à la face supérieure ; fig. 8, portion
grossie, prise à la face inférieure ; fig. 9, portion prise à
l'ambitus, sur un individu de l'étage kimméridgien du Havre, grossie
et montrant la disposition des granules, de ma coll. - Pl. 226, fig.
1, radiole du R. Orbignyana, du terrain kimméridgien du Havre,
de la coll. de l'Ecole des mines ; fig. 2, portion grossie ; fig. 3 et
4, autres radioles de la coll. de l'Ecole des mines et de la même
provenance ; fig. 5 et 6, autres radioles du terrain kimméridgien de
Baroville, de ma collection ; fig. 7, autre radiole, du terrain
kimméridgien du Havre, de la coll. de l'Ecole des mines.
planches 223,
224, 225 et 226
(extraits)
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