Pygurus lampas

 

                             

   

Pygurus lampas (De la Beche, 1819)

              Quelques lignes pour vous faire découvrir un représentant peu commun du genre Pygurus. En France, il est certes peu commun, mais est très rare de l'autre côté du "Channel". Vous trouverez dans la suite de l'article plusieurs éléments qui vous aideront à appréhender cette espèce :

  • sa synonymie, qui vous permettra, si vous êtes un rat de bibliothèque, de trouver de fort belles illustrations de cette espèce dans la littérature ancienne ;

  • la traduction de la description qu'en fait Wright (1864-1882, Monograph of the british fossil Echinodermata from the cretaceous formations) :

  • deux planches tirées des oeuvres de Wright et de d'Orbigny ;

  • deux clichés de cette espèce.

 

Liste synonymique (pas présentée dans les règles de l'art, pour des raisons de lisibilité) :

Clypeaster oviformis, Lamarck - Animaux sans Vertèbres, t.III, p.15, 1816

Echinolampas lampas, De la Beche - Geol. Trans, second ser., p.112, t.III, fig.3, 1819

Pygurus trilobus, Agassiz - Cat. Syst. Ecty., p.5, 1840

Pygurus trilobus, Agassiz & Desor - Catalogue raisonné, p.103, modèle 39, 1847

Pygurus trilobus, d'Orb. - Prodrome de Pal. strati, t.II, p.178, étage 20, 1847

Pygurus oviformis, d'Orb. - Pal. Fr., pl.919, t.VII, p.311, 1855

Pygurus lampas, Desor - Synopsis Echinides fossiles, p.311, 1858

               Nous pouvons commenter sommairement et en termes simples cette synonymie, telle que la livre Wright et sans pour autant aller dans le détail, afin d'expliques certaines règles aux non-initiés à la taxinomie (sans pour autant rentrer dans le détail et les subtilités de la qualité des synonymes, objectifs, subjectifs, etc).

                Lamarck, en 1816, décrit l'espèce mais sans la figurer. Son intervention ne peut donc être retenue comme véritable créateur de l'espèce. son nom n'apparaît donc pas à la suite de celui de l'oursin. De la Beche décrit à nouveau l'espèce en 1819, mais sous un nom différent et en l'incluant dans le genre Echinolampas (à tort bien évidemment). C'est donc lui le créateur de l'espèce "lampas". Nous verrons toutefois plus loin pourquoi son nom et la date de publication sont entre parenthèses.

                A la suite de De la Beche, Agassiz, Desor et d'Orbigny reprennent l'espèce et pour certains la figurent en la mettant (avec raison) dans le genre Pygurus. Agassiz et Desor en font une espèce nouvelle : trilobus. D'Orbigny aussi dans un premier temps (1847). Par la suite, d'Orbigny dans sa Paléontologie française (dont une planche est jointe au présent article), convient que Lamarck était le créateur de l'espèce, il reprend donc le nom d'espèce créé  par ce dernier, soit : oviformis. Cependant, comme nous l'avons dit au départ, la description de Lamarck n'est pas valide, puisque le spécimen n'a pas été figuré.

                 En 1858, enfin, Desor nomme cette espèce avec le nom correct (au sens taxinomique), puisqu'il lui attribue le genre correct et reprend lampas comme nom d'espèce : le seul valide. le nom de De la Beche est inscrit entre parenthèses à la suite du nom d'espèce, car il en est le créateur, mais à ce jour, le nom du genre est bien Pygurus.

                   Ce cas est plus que simple, mais il permet d'illustrer facilement les joies (si l'on peut ainsi s'exprimer) de la taxinomie. Cette dernière est régie par le Code International de Nomenclature Zoologique (dit aussi : petit livre rouge !) qui régit dans ses moindres détails tous les actes que sont amenés à commettre les scientifiques lorsqu'ils manipulent les noms latins de l'ensemble des animaux, vivants et disparus. Il régit également la manière typographique de présenter une liste synonymique, avec des conventions strictes, afin que chacun ait les mêmes références quelque soit sa langue ou ses usages. C'est pour cela que nous avons précisé "non présentée dans les règles de l'art" en préambule de la liste que nous donnons.

                    Cette liste est d'ailleurs incomplète puisque nous avons volontairement omis la ligne réservée à Wright et ses successeurs. En ce qui concerne Wright, il décrit l'espèce dans son ouvrage :

WRIGHT T. (1864-1882) Monograph on the british fossil echinodermata from the cretaceous formations, vol.I, the echinoidea, p.258-260, pl.LVIII, fig.1a-1h.

                     Nous donnons ci-dessous une traduction de la description qu'il fait de l'espèce qui nous occupe.

                           "Le test est ovale ou oblong, largement arrondi à l'avant, convexe sur les côtés, et prolongé par un rostre tronqué à l'arrière ; il est très concave, et renflé au niveau du dessus, son profile formant une courbe régulière, un peu plus déprimée à l'arrière de l'apex qu'à l'avant de celui-ci (fig.1a). L'ambitus est très anguleux (fig.1a, b) dans sa moitié postérieure, et les deux lobes latéraux et un lobe postérieur donnent toute sa teneur au nom trilobus, qui a été proposé pour cette espèce. L'inter-ambulacre impair est très allongé, et deux carènes se développent sur ce dernier, celles-ci démarrent du disque apical et se prolongent aux côtés de la bordure tronquée (fig.1b, c), donnant une apparence encore plus anguleuse au test.

                      Les ambulacres sont largement pétaloïdes sur la face supérieure (fig.1b). Ils sont pincés à l'ambitus (fig.1d, e), et sont à nouveau largement développés et pétaloïdes sur la face inférieure (fig.1c).

                       Les zones porifères sont bien développées et visibles au niveau de la portion pétaloide de la face supérieure ; les pores de la rangée externe sont allongés, et arrondis dans la rangée interne ; à l'ambitus ils sont éloignés et microscopiques, enfin, sur la face inférieure les ambulacres deviennent à nouveau pétaloïdes, à l'approche de la bouche. Les pétales se distinguent ici par leur formes élégantes et leur structure complexe ; les pores augmentent en nombre, et les paires deviennent obliques sur les côtés des pétales, au centre desquels se forme un élargissement longitudinal, comme le lobe d'une feuille (fig.1c). Cette structure remarquable est figurée avec un agrandissement de deux fois.

                      Les grandes plaques sur la face supérieure ont plusieurs rangées de tubercules de petits tubercules, qui grossissent et deviennent moins nombreux sur la face inférieure (fig.1g) ; outre cette ornementation, une fine et dense granulation couvre la surface de toutes les plaques.

                       Le disque apical est très petit, si bien que les ambulacres lancéolés se retrouvent tout près l'un de l'autre à l'apex, qui est légèrement excentré ; il y a quatre plaques génitales perforées, avec un petit corps madréporique au centre (fig.1h).

                        Le périprocte est grand, ovale transversalement, et s'ouvre près de la bordure de la zone infra-marginale du rostre (fig.1c).

                        Cet oursin se distingue des formes con-génériques par sa face supérieure élevée, l'ambitus anguleux, le rostre et ses côtés concaves, les carènes rostrales et le remarquable arrangement des pores autour du péristome.

                         Localité et position stratigraphique : il a été collecté dans le Upper Greensand, près de Lyme Regis, où il est apparemment très rare, ainsi je n'en connais qu'un autre spécimen anglais, complétant celui légué au British Museum par Sir Henry De la Beche. En France, il est fréquent dans le Grès micacé, l'étage Cénomanien du Mans, Sarthe, et dans le Grès Calcarifère (Cénomanien) de Fouras, Charente Inférieure."

 

   

Pygurus lampas