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Gustave Cotteau |
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in G. COTTEAU (1876) Paléontologie Française, description des animaux invertébrés, Terrains Jurassiques tome Xème, 1ère partie, Echinides réguliers, Familles des Cidaridées et des Salénidées pages 149-163.
N° 177. - CIDARIS FLORIGEMMA, Phillips, 1829.
Pl. 181, 182, 183 et 184
S. 25 , S. 34; radioles S. 32; 59. Espèce de grande taille, haute, renflée, circulaire, déprimée en dessus et en dessous, un peu rentrante dans la région inférieure. Zones porifèrcs étroites, déprimées, onduleuses, formées de pores petits, arrondis, séparés par un renflement granuliforme et disposés par paires serrées. Aires ambulacraires étroites, onduleuses, munies de deux rangées de granules assez gros, plus ou moins serrés, plus ou moins réguliers, visiblement mamelonnés. Aux approches du. sommet et du péristome, les deux rangées se touchent, mais vers le pourtour, l'aire ambulacraire s'élargit un peu et présente, au milieu des deux rangées, des granules plus petits, inégaux, irrégulièrement disposés et qui, dans certains exemplaires, se prolongent entre les granules principaux. Sur le bord du péristome, les granules sont ordinairement plus développés et plus distinctement mamelonnés que partout ailleurs. Tubercules interambulacraires très-gros, fortement mamelonnés et perforés, crénelés à la face supérieure, mais presque toujours lisses à partir de l'ambitus et jusqu'au péristome, rapprochés les uns des autres, au nombre de six à sept par rangée. Scrobicules larges, circulaires à la face supérieure, ayant une tendance à devenir elliptiques, sans cependant se confondre par la base, on se dirigeant vers le péristome, entourés d'un cercle de granules espacés, saillants, mamelonnés, bien distincts des autres. Zone miliaire très-étroite, déprimée au milieu, couverte de granules inégaux, irrégulièrement disposés, plus ou moins serrés, et auxquels se mêlent de petites verrues microscopiques, le plus souvent groupées en cercle autour des granules. Les cercles scrobiculaires touchent presque aux zones porifères, et n'en sont séparés que par quelques granules intermédiaires. Péristome subpentagonal, peu développé. Appareil apical plus circulaire, à peu près de même grandeur que le péristome. Dans un des exemplaires figurés par M. Agassiz (1), la lanterne est parfaitement conservée: les pyramides sont triangulaires et remarquables par la profondeur des sillons ; les dents sont encore attachées aux pyramides. Radioles de grande taille, allongés, cylindriques, ordinairement claviformes et renflés, quelquefois grêles et fusiformes, garnis, sur toute la tige, de granules plus ou moins fins, toujours reliés entre eux par un petit filet apparent, et formant des séries longitudinales régulières nombreuses. Au sommet du radiole, qui est tronqué, ces granules s'allongent et rayonnent en forme d'étoile. Vers la base de la tige, les rangées de granules s'atténuent et disparaissent insensiblement, sans arriver jusqu'à la collerette, qui est courte, finement striée et marquée, au-dessus du bouton, d'une ligne faible, mais apparente. Bouton peu développé; anneau saillant, strié ; facette articulaire crénelée. Aucun doute n'est possible sur l'association du test et des radioles, et nous avons fait figurer deux exemplaires fort beaux qui les présentent adhérents encore aux tubercules. Hauteur, 32 millimètres ; diamètre, 43 millimètres. Individu de grande taille : hauteur, 41 millimètres; diamètre, 60 millimètres. Individu jeune : hauteur, 15 millimètres; diamètre, 20 millimètres. Le C. florigemma, dont nous avons sous les yeux un très-grand nombre d'exemplaires, varie peu dans l'ensemble de ses caractères : la zone miliaire cependant affecte une largeur plus ou moins grande ; elle est très-étroite chez certains individus jeunes, que M. Agassiz avait désignés sous le nom de C. oculata, mais qui ne sauraient, suivant M. de Loriol,.à l'opinion duquel nous nous rangeons complètement, être séparés du type. Les aires ambulacraires varient aussi dans leur largeur. Le plus souvent elles sont étroites, et les deux rangées de granules, rapprochées l'une de l'autre, même vers l'ambitus, laissent à peine la place à quelques verrues intermédiaires. Chez certains exemplaires, et notamment chez ceux qui sont de grande taille, les deux rangées de granules s'espacent et présentent au milieu une quantité plus ou moins abondante de granules inégaux, épars, toujours moins développés que ceux qui composent les deux rangées principales. Les radioles offrent également une grande uniformité de caractères; Thurmann et, d'après lui, M. Desor ont attribué le nom de philastarte à ceux qu'on rencontre dans les étages supérieurs du terrain jurassique ; malgré leur forme plus grêle et élancée, et les granules moins abondants dont leur tige est recouverte, ces radioles nous paraissent, comme à M. de Loriol, devoir être réunis aux radioles du C. florigemma, auxquels ils se relient par des passages incontestables. Nous avons fait figurer un exemplaire muni de ses radioles et provenant de l'étage séquanien du Locle (canton de Neuchâtel), qui ne laisse aucun doute sur ce rapprochement. Le lest, avec ses aires ambulacraires garnies de deux rangées de granules, ses tubercules entourés de granules épais et espacés, séparés par une zone miliaire étroite, est bien celui du C. florigemma. Les radioles considérés dans leur ensemble sont peut-être un peu plus grêles que ceux qu'on rencontre dans l'étage corallien proprement dit, mais cependant ils en présentent tous les caractères essentiels ; au fur et à mesure qu'ils se rapprochent du péristome, ils paraissent moins allongés et plus obtus au sommet. Ce précieux exemplaire fait partie de la collection de M. Jaccard, qui nous l'a communiqué avec beaucoup d'obligeance. Parmi les radioles du C. florigemma, quelques-uns présentent un aspect tout à fait anormal : les uns sont presque globuleux, les,autres sont brusquement étranglés, à leur extrémité. M. de Loriol, dans l’Echinologie helvétique, a figuré un individu dont le sommet se divise en plusieurs digitations, et remarquable en outre par la grossièreté de sa granulation. Sa forme étrange avait engagé M. Desor à donner le nom de C. digitata à cet exemplaire, que M. de Loriol a cru devoir réunir au C. florigemma. Ces individus sont plutôt des monstruosités exceptionnelles que des variétés. rapports et différences. — Le C, florigemma, parfaitement caractérisé par son test et ses radioles, ne saurait être confondu avec aucun ,de ses congénères ; il se distingue du C. Blumenbachi par son aspect plus tuberculeux, ses aires ambulacraires plus étroites et plus onduleuses, ses tubercules plus fortement mamelonnés et munis de crénelures plus faibles, ses scrobicules plus rapprochés des zones porifères et entourés de granules beaucoup plus saillants, sa zone miliaire bien plus étroite et moins finement granuleuse, et ses radioles tout différents. Il diffère du C. cervicalis, avec lequel il se montre souvent associé, par ses aires ambulacraires munies de deux rangées principales de granules au lieu de quatre, par ses tubercules plus fortement mamelonnés, plus gros, et entourés de granules plus apparents, par sa zone miliaire plus étroite, et par ses radioles bien distincts. Le C. propinqua, que caractérisent également deux rangées de granules ambulacraires, présente quelques rapports avec les individus jeunes du C. florigemma, mais cette dernière espèce sera toujours facilement reconnaissable à ses tubercules moins nombreux, plus épais, plus fortement mamelonnés, et à ses radioles courts et renflés. histoire. Le C. florigemma, ainsi que le prouve sa longue synonymie, est une des espèces les plus répandues, et a été souvent cité par les auteurs. En 1829, Philipps a figuré le test d'une manière très-reconnaissable, sous le nom de C. florigemma; dès 1826 Goldfuss avait attribué aux radioles de cette même espèce le nom de C. Blumenbachi, en les rapportant à un test auquel ils n'appartenaient pas ; pendant longtemps presque tous les naturalistes ont partagé et reproduit l'erreur de Goldfuss. En 1836, M. Desor signala le premier celte confusion dans le Synopsis des Échinides fossiles. En Angleterre, M. Woodward et, plus tard, M. Wright reconnurent également l'erreur, et tous les auteurs sont aujourd'hui d'accord pour réunir au C. florigemma de Philipps les radioles figurés par Goldfuss, et pour laisser le nom de Blumenbachi au test que le naturaliste allemand avait à tort rapporté à ces radioles. Le C. crucifera, Agassiz, ne doit être considéré que comme un individu jeune du C. florigemma; il en est de même du C. oculata, Agassiz, malgré sa zone miliaire très-étroite, et de notre C. Agassizi, malgré sa forme élevée. Les radioles désignés sous le nom elongata par Rœmer, de philastarte par Thurmann, et tout récemment, de digitata par M. Desor ne sauraient être distingués des radioles du C. florigemma. localités. —Druyes, Coulanges-sur-Yonne, Châtel-Cen-soir, Merry-sur-Yonne, Mailly-la-Ville (Yonne); Laignes, Courchamps, Selongey, Fontaine-Française, Plombières, Sacquenay (Côte-d'Or); Vesaignes, Reynel, Roche-sur-Rognon, Occy, St-Blin (Haute-Marne); Champlitte (Haute-Saône) ; Lévigny, Macon, Givry (Saône-et-Loire) ; Gibeaumeix (Moselle); Pagny-sur-Meuse, Ornes, Vergigny, Commercy (Meuse); Toul (Meurthe); Neufchâteau (Vosges); Novion, Saulces (Ardennes); Belfort (chemin de Danjoutin), Ferrette (au sud du château et route n° 2), Ligsdorff, Sondersdorff (chemin de Ferrette), Dirlinsdorff, Liebsdorff, Winckel, chemin d'Oberlay, Kiffis (ferme du Blochmont) (Haut-Rhin); Meillonnas (Ain); Ecommoy (Sarthe) ; la Chapelle près Salins (Jura); Bernerville, Hennequeville, Trouville, Villers-sur-Mer (Calvados). Commun. Étage corallien inférieur (terrain à chailles). — Houllefort, sommet de la tranchée de la Liegette, mont des Boucards, ravin d'Ourcq, Quehen (Pas-de-Calais) ; Bailly.Courson, Tonnerre, Thury (Yonne) ; Bayel (Aube); Soncourt (Haute-Marne); La Rochelle (Charente); entre Lucelle et Moulin-Neuf, rampe de Ligsdorff, Raedersdorff; commun sur la route d'Oltingen (Haut-Rhin) ; Lemenc près Chambéry (Savoie). Assez abondant. Étage corallien supérieur (séquanien). École des mines de Paris, École normale de Paris, coll. de la Sorbonne, musée de Dijon, de Lyon, coll. Dumortier, Hébert, Perron, Martin, Kœchlin-SchIumberger, Tombeck, Deloisy, Jaccard, Marion de Daix, Schlumberger, Gauthier, Peron,etc.,etc., ma collection. localités autres que la france. — Olten, Obergösgen, Oberbuchsitten, Schönenwerth, Gunsberg, Wangen, Aarbourg, Laupersdorf (Soleure) ; Fringeli, Délémont, Wahlen près Laufen, monlagne Courroux, Calabri près Porrentruy, Liesberg, Ring, Ederschwyler, Thiergarlen, St-Joseph, Chalillon (Jura Bernois) ; Sainte-Croix (Vaud) ; Saint-Sulpice, la Chaux-de-Fonds (Neuchâlel). Terrain à chailles, couches à Hemicidaris crenularis. — Wangen, Olten, Sainle-Vérène, Laupersdorf, Istein (Soleure); la Caquerelle (Jura Bernois). Etage corallien, couches de Wangen (dicératien). — Mettenberg, Montchaibeux, Élay, Graitery, Angoulat, Vorbourg, Bure, Délémont (Jura Bernois) ; le Locle (caillou de Neuchâtel) ; étage séquanien (Suisse). —- Muggendorf (Bavière). — Calne, Hildinty près Malton (Angleterre). Étage corallien. explication des figures. — PI. 181, fig. 1, C. florigemma muni de ses radioles, du musée de Dijon; fig. 2, C. florigemma, de ma collection, du terrain corallien de Salins, vu de côté. — Pl. 182, fig. 1, le même Cidaris vu sur la face supérieure , fig. 2, face inférieure; fig. 3, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise à la face supérieure , fig. 4, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise vers l’ambitus ; fig. 5, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise à la face inférieure. — PI. 183, fig, 1, C. florigemma, de la coll. de M. Schlumberger, vu sur la face sup. ; fig. 2, individu jeune, de la coll. de M. Perron, vu de côté ; fig. 3, face supérieure ; fig. 4, face inférieure ; fig. 3, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise à la face supérieure; fig. 6, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise à la face inférieure ; fig. 7, radiole du C. florigemma ; fig. 8, autre radiole ; fig. 9, autre radiole ; fig. 10, sommet de la tige; fig. 11, facette articulaire grossie. — Pl. 184, fig. 1, radiole du C, florigemma, monstruosité renflée vers la base du musée de Dijon ; fig. 2; autre radiole, du corallien inférieur de Champlitte, de ma collection; fig. 3, radiole du C. florigemma, de l'étage astartien de la Rochelle ; fig. 4, portion de la tige grossie ; fig. 5, autre radiole, du même étage el de la même localité ; fig. 6, monstruosité courte et renflée, de l'étage astartien de Tonnerre, de ma collection ; fig. 7, C. florigemma. muni de ses radioles, de l'astartien du Locle (Suisse), de la collection de M. Jaccard ; fig. 8, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise à la face inférieure ; fig. 9, portion d'un radiole grossie. NDLR : original footnotes : (1) Agassiz, Écliinodermes de la Suisse, II, pl. xx, fig. 3 et 4.
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