Gustave Cotteau



 in G. COTTEAU  (1876) Paléontologie Française, description des animaux invertébrés, Terrains Jurassiques

tome Xème, 1ère partie, Echinides réguliers, Familles des Cidaridées et des Salénidées  pages 299-308.

 

 

 

N° 226.  - RHABDOCIDARIS ORBIGNYANA, (Agassiz), Desor, 1856.

 

Pl. 223, 224, 225 et 226, fig. 1-7.

 

Cidaris Orbignyana,   Agassiz, Cat. syst. Ectyp. Echin. Mus. Neoc., p. 10, 1840.
Cidaris tripterygia,    Agassiz, id., p. 10, 1840.
   —          —  Leymerie, Stat. min. et géol. du dép. de l'Aube, p. 239, pl. IX, fig. 3, 1846.
Cidaris subnobilis, Leymerie, id., 1846.
Cidaris Orbignyana,    Agassiz et Desor, Catal, rais. Des Échin., p. 28, 1847.
   —            —  Bronn, Index palaeont., p. 299, 1848.
Cidaris tripterygia,  Bronn, id., p. 301, 1848.
Cidaris Orbignyana, D'Orbigny, Prod. de pal. strat., t. II,p. 27, et. 14, n° 437, et p. 56, ét. 13, n° 195, 1850.
Cidaris tripterygia,  Buvignier, Stat. géol. de la Meuse, p. 367,1852.
Cidaris Orbignyana,    Cotteau, Note sur les Échin. de l'étage Kimméridgien de l'Aube, Bull. Soc. géol. de France, 2° sér., t. XI,p. 354, 1854.
Cidaris trigonacantha    M'Coy, Contrib. to brit. paleont., (non Agass.), p. 67, 1854.
   —               — Forbes in Morris, Catal. of Brit. foss., 2e éd., p. 73, 1854.

Rhabdocidaris Orbignyana,   

Desor, Synops. des Échin. foss., p. 40, pl. I, fig. 3, pl. VIII, fig. 7-9, 1856.
   —              —  Wright, Monog. of the Brit. foss. Echinod. from the Ool. Format., p. 66, 1856.
   —              —   Cotteau. Catal. des Échin. de la Haute-Marne, Bull. Soc. géol. de France, 2e sér., t. XIII, p. 818,1856.
Cidaris Orbignyana,  Oppel, Die Jura format. Engl., etc., p. 721, 1856.
Rhabdocidaris Orbignyana,  Cotteau, Études sur les Échin. foss. du dép. de l'Yonne, t. I, p. 286, pl. xli, fig. 1-7, 1856.
         —                 — Pictet, Traité de Paléont., 2° éd., t. IV, p. 256, 1858.
         —                 —   Cotteau, Catal, des Échin. de la Haute-Saône, Bull. Soc. géol. de France, 2° sér., t. XVII, p.869, 1860.
Rhabdocidaris Orbignyana,   Étallon, Paléontostatique au Jura, Jura bernois, p. 12, 1860.
Rhabdocidaris macroacantha, Étallon, id., 1860.
Rhabdocidaris Orbignyana,   Coquand, Synopsis des foss. des Charentes, p. 36, 1860.
         —                  — Dujardin et Hupé, Hist. nat. des Zooph. Échinodermes, p. 489, 1862.
         —                  —  Thurmann et Étallon, Lethaea Bruntrutana, p. 339, pl. xlviii, fig. 20, 1863.
Rhabdocidaris macroacantha, Thurmann et Étallon, Id.,:pl., XLVIII, fig. 21, 1863.
Rhabdocidaris Orbignyana, Dollfuss, Faune kimméridgienne du cap la Héve, p. 28, 1863.
         —                  —  Étallon, Etudes paléont. sur le. Jura graylois, p. 445, 1864.
         —                  —  Cotteau, Catal, des Échin. de l'Aube, p. 17, 1863.
         —                  — Mœsch, Der Aargauer Jura, p. 189, 1867.
Rhabdocidaris trilatera   (non Quenstedt), Mœsch, id., p. 199, 1867.
Rhabdocidaris Orbignyana, Greppin, Essai géol. sur le Jura suisse, p. 93, 1867.
         —                  — Desor et de Loriol, Échinol. helvétique, terrain jurassique, p. 78, pl. XII, fig. 10, 1869.
         —                  — Greppin, Jura bernois et districts adjacents, p. 113 et 120, 1870.
         —                  — De Loriol, Royer et Tombeck, Monog. paléont. des étages jur. super, de la Haute-Marne, p. 428, 18-72.
         —                  — Lennier, Etudes géol. et paléont. sur les falaises de la Haute-Normandie, p. 111,1872.
         —                  — Mœsch, Der Aargauer Jura, suppl. p. 40, 1874.
Cidaris Orbignyana,    Quenstedt ,    Petrefactenkunde Deutschlands, Echinod., p. 117, et 122, pl. LXVI, fig. 36 et 60-62, 1873.
Rhabdocidaris Orbignyana,   De Loriol et Pellat, Monog. paléont. des et. sup. de la format. jurassique des env. de Boulogne-sur-Mer, p. 251, 1875.

  

 

Espèce de très-grande taille, haute, renflée, légèrement déprimée en dessus, rentrante en dessous. Zones porifères subonduleuses, un peu plus larges que les aires ambulacraires, subdéprimées, composées de pores ovales, inégaux, les externes un peu plus allongés que les autres, sans que cependant la différence soit très-apparente, unis par un sillon profond, bordé de cloisons étroites, transverses, en forme de lames saillantes. Aires ambulacraires, subonduleuses comme les zones porifères, garnies de deux rangées de petits granules égaux, serrés, mamelonnés, placés très-près du bord. Deux autres rangées de granules plus petits, plus espacés, mais cependant régulièrement disposés, se montrent au milieu de l'aire ambulacraire et tendent à disparaître aux approches du sommet ou du péristome. Ces granules sont accompagnés de petites verrues éparses, plus ou moins abondantes, plus ou moins développées, toujours très-distinctes des deux rangées principales, mais tendant quelquefois à se confondre avec les deux séries intermédiaires. Tubercules interambulacraires assez gros, saillants, perforés, fortement mamelonnés et crénelés, au nombre de sept et quelquefois huit par série. Scrobicules peu déprimés, circulaires et espacés à la face supérieure, sensiblement elliptiques en se rapprochant du péristome. Cercles scrobiculaires presque partout complets, composés de granules écartés, mamelonnés, bien distincts des autres. Zone miliaire large, à peine déprimée au milieu, couverte de granules nombreux, serrés, épars, d'autant plus petits qu'ils se rapprochent du milieu de la zone, offrant souvent près de la suture une tendance à s'allonger transversalement. L'espace intermédiaire est occupé par des verrues très-fines, plus ou moins abondantes, Formant, autour des granules scrobiculaires, des cercles ou des demi-cercles distincts. Les cercles scrobiculaires sont très-rapprochés des zones porifères et laissent à peine la place à quelques granules de même nature que ceux qui couvrent la zone miliaire. Péristome subcirculaire, un peu moins grand que l'appareil apical qui, à en juger par l'empreinte qu'il a laissée, était plus nettement pentagonal.

Radioles variables dans leur forme, allongés, quelquefois cylindriques, le plus souvent triangulaires et affectant, surtout à la partie supérieure, une forme prismatique, irrégulière et plus ou moins comprimée, garnis d'épines saillantes, anguleuses, tantôt éparses, presque toujours disposées en séries régulières sur les angles de la tige. L'es­pace intermédiaire est occupé par une granulation plus ou moins fine, abondante, serrée, homogène ou inégale, éparse ou disposée en séries régulières. Un peu au-dessus de la collerette les épines, puis la granulation s'atténuent et disparaissent, et la base de la lige devient tout à fait lisse. Collerette courte, épaisse, finement striée, limitée par une ligne tranchée. Bouton bien développé ; anneau saillant ; facette articulaire fortement crénelée.

Les granules ambulacraires portent de petits radioles allongés, plus ou moins comprimés, ornés de stries fines et longitudinales.

Individu de grande taille: hauteur, 67 millimètres; dia­mètre, 92 millimètres. Longueur du radiole (portion connue), 109 millimètres ; épaisseur, 7 à 8 millimètres.

Nous avons pu examiner un grand nombre d'exemplaires appartenant à celle espèce. Quelques-uns présentent dans la disposition de leurs granules ambulacraires des variations que nous devons signaler. Chez les échantillons types les aires ambulacraires sont munies de quatre rangées de granules, les deux externes plus développées que les autres, les deux internes toujours plus petites, mais également bien distinctes. Dans certains exemplaires ces deux rangées internes sont remplacées par une granulation abondante, inégale et qui paraît, au premier aspect, disséminée sans ordre. Cette modification est plus appa­rente que réelle, et chez ces derniers exemplaires les deux rangées internes existent le plus souvent comme chez les autres; seulement elles sont accompagnées de verrues re­lativement plus développées, qui se mêlent aux deux rangées de granules, se confondent avec elles et prennent ensemble l'aspect d'une granulation éparse et homogène. Aux approches du péristome, les aires ambulacraires varient également clans leur aspect. Certains échantillons conservent, parfaitement distinctes, les quatre rangées de granules, mais le plus souvent les granules principaux se resserrent, grossissent, elles rangées intermédiaires dispa­raissent.

La forme générale de l'espèce varie également; nous avons fait figurer, pl. 223, un exemplaire remarquable» faisant partie de la collection de l'École (les mines et recueilli par M. Bayan, dans l'étage corallien inférieur des environs de Salins (Jura). Son diamètre transversal ne dépasse que de quelques millimètres sa hauteur; sa face inférieure est étroite, rentrante, pour ainsi dire subamincie, et lui donne un aspect tout particulier ; il nous a paru cependant offrir les caractères essentiels du Cid. Orbignyana, auquel, malgré sa forme étrange, nous n'avons pas hésité à le réunir.

rapports et différences. —Le R. Orbignyana, parfaitement caractérisé par son test et surtout par ses radioles, ne saurait Être confondu avec aucun de ses congénères. Ses quatre rangées de granules ambulacraires le rapprochent du R. copeoides; il en diffère par ses aires ambulacraires plus onduleuses, par ses tubercules interambulacraires plus saillants, plus fortement crénelés et mamelonnés, par ses scrobicules plus rapprochés des zones porifères et en­tourés de granules plus apparents, par sa zone miliaire plus large et couverte de granules plus abondants et plus serrés, et par ses radioles tout à fait distincts. Le R. Orbignyana s'éloigne également d'une manière positive des R.nobilis et maxima. Ces deux espèces seront toujours reconnaissables à leurs zones porifères plus étroites, à leurs aires ambulacraires plus larges et couvertes, entre les deux rangées principales, d'une granulation fine, abondante, homogène, éparse, à leurs scrobicules plus superficiels et plus éloignés des zones porifères.

- M. de Loriol, dans l’Échinologie helvétique, a décrit et figuré, sous le nom de R. caprimontana, un magnifique Rhabdocidaris, qui présente les plus grands rapports avec le R. Orbignyana. L'auteur signale, il est vrai, quelques différences dans le développement des granules scrobiculaires et des granules miliaires ; mais, après avoir étudié comparativement tous nos exemplaires de Rhabdocidaris Orbignyana au nombre de plus de trente et provenant de plusieurs étages, nous avons regardé ces différences comme n'ayant que peu d'importance, et nous sommes porté à croire que le test décrit par M. de Loriol appartient au R. Orbignyana et non au R. caprimontana. Les deux espèces nous ont toujours paru parfaitement distinctes, et ce qui nous détermine surtout à les séparer, ce sont les dissem­blances profondes qui existent entre les radioles anguleux, tricarénés et prismatiques du R. Orbignyana et les radioles cylindriques, comprimés et rémiformes du R. caprimontana. En ce qui touche l'exemplaire décrit et figuré par M. de Loriol, nous ne voulons pas trancher la question, mais seulement soumettre notre opinion à l'appréciation de notre savant ami. Je ne pense pas qu'aucun radiole du R. caprimontana ait été trouvé adhérent au test de cet échantillon ; il provient des couches séquaniennes de Baden dans lesquelles l'a recueilli M. Moesch, et rien ne s'oppose à ce que le R. Orbignyana, si fréquent dans l'étage séquanien de France, ait existé, à cette époque, en Suisse, en même temps que le R, caprimontana.

histoire. — En 1840, Agassiz, tout en désignant l'espèce qui nous occupe sous le nom de Cidaris Orbignyana, donnait aux radioles celui de Cidaris tripterygia. En 18i7, Agassiz et Desor firent cesser cette confusion et réunirent le C. tripterygia au C. Orbignyana. En 1836, M. Desor plaça l'espèce dans le genre Rhabdocidaris. Tous les auteurs sont d'accord pour lui rapporter les C. subnobilis et macroacantha.

 

localités. — Environs de Salins (Jura) ; Châtel-Censoir, Merry-sur-Yonne, Coulanges-sur-Yonne (Yonne). Etage corallien inférieur.—La Rochelle (Charente) ;Bourges(Cher). Étage corallien supérieur. — Épineuil près Tonnerre (Yonne); les Riceys, Baroville, Bar-sur-Aube, Fontaine (Aube); Biaise près de la Garenne, Marbeville, Harmeville, Donjeux (Haute-Marne); Châtelaillon (Charente-Inférieure); Lavaucourt, Changey (Haute-Saône); Montfaucon, Mauvage (Meuse); cap de la Hève, Sainte-Adresse, Bléville, Octeville, Criquebœuf (Seine-Inférieure). Etage kimméridgien.

Ecole des mines de Paris, Muséum de Paris, coll. de la Sorbonne, musées du Havre, de la Rochelle, de Dijon, coll. Royer, Chesnel, Peron, Gauthier, Jarry, ma collection.

localités autres que la france. — Weymouth (Angleterre) ; Laufon (Jura Bernois). Étage ptérocérien. — Vorbourg, Alle, Porrentruy (Jura Bernois). Étage virgulien;

explication -des figures. — Pl. 223, fig. 1, R. Orbignyana, de l'étage corallien inférieur des environs de Salins, de la coll. de l'École des mines (M. Bayan), vu de côté; fig. 2, face supérieure. — Pl. 224, fig. 1, R. Orbignyana, de l'étage corallien supérieur de Pouilly, de la coll. de la Sorbonne, vu sur la face inférieure; fig. 2, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise vers l'ambitus et montrant la disposition des granules internes; fig. 3, por­tion grossie, prise à la face supérieure ; fig. 4, portion grossie, prise à la face inférieure ; fig. 5, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise vers l'ambitus sur un autre in­dividu provenant également de l'étage corallien supérieur de Pouilly (M. Ébray), montrant la différence des granules ambulacraires ; fig. 6, plaque ambulacraire grossie. — Pl. 225, fig. 1, R. Orbignyana, exemplaire de grande taille, du terrain kimméridgien des Riceys (Aube), de ma collection, vu de côté; fig. 2, portion de l'aire ambulacraire grossie, prise vers l'ambitus ; fig. 3, radiole granulaire ; fig. 4, le même grossi; fig. 5, individu jeune, du terrain kimméridgien des Riceys, de ma coll., vu de côté ; fig. 6, portion des aires ambulacraires grossie, prise vers l'ambitus; fig. 7, portion grossie, prise à la face supérieure; fig. 8, portion grossie, prise à la face inférieure; fig. 9, portion prise à .l'ambitus, sur un. individu de l'étage' kimméridgien du Havre, grossie et montrant la disposition des granules, de ma coll. — Pl, 226, fig. 1, radiole du R. Orbignyana, du terrain kimméridgien du Havre, de la coll. de l'École des mines ; fig. 2, portion grossie; fig. 3 et 4, autres radioles de la coll. de l'École des mines et de la même provenance ; fig. 5 et 6,, autres radioles du terrain kimméridgien de Baroville, de ma collection ; fig. 7, autre radiole, du terrain kimméridgien du Havre, de^ la coll. de l'École des mines.