Louis Agassiz



 in L. AGASSIZ  (1841) Monographies d'Echinodermes Fossiles et Vivans

ECHINITES, Famille des Clypeastroides, Seconde monographie, Des Scutelles, p.76-78.

SCUTELLA SUROTUNDA Lam.

Tab. 17.

syn. Scutella subrotunda Lam.,Tom. III ;p.;284, W-14. — DeFr. Dict. sc. nat. T. 48, p. 230. — DeBl. Zooph. p. 201.— DesMoul. Tabl. syn. p. 232.— Bronn Lethaea p. 138. —Ag. Cat. syst. Ectyp. Mus. Neoc. p. 6.

Rien n'était plus facile que de déterminer celte espèce lorsqu'elle était la seule Scutelle connue ayant l'anus inframarginal, le bord entier et les cinq ambulacres resserrés à leur extrémité. Mais depuis que l'on a reconnu dans les nombreux exemplaires confondus sous le nom de S. subrotunda, des variations constantes , les caractères diagnostiques indiqués par Lamarck (*) sont devenus insuffisans comme caractères spécifiques et ne peuvent plus s'appliquer qu'au genre. Il importe par conséquent maintenant, pour distinguer le Sc. subrotunda de ses congénères, d'entrer dans l'examen détaillé de son test et d'avoir égard à toutes les particularités de sa structure.

L'espèce à laquelle je conserve le nom de Sc. subrotunda est celle que Lamarck désignait ainsi et dont M. Valenciennes m'a fait voir au Muséum de Paris des exemplaires portant encore l'étiquette écrite de la main de Lamarck. Elle est de forme subcirculaire, légèrement ondulée sur son pourtour, par suite des sinuosités qui correspondent au milieu des aires ambulacraires ; le coté postérieur est tronqué et séparé du reste du test par les deux sinus des aires ambulacraires paires postérieures ; le diamètre transversal est un peu plus grand que le diamètre longitudinal.

La hauteur du test égale à peine le sixième de la longueur et le septième de la largeur ; les bords sont minces sans .être: aussi tranchans que dans le Sc. truncata. La surface entière, du, test est revêtue d'une granulation homogène , composée de tubercules spinifères surgissant du milieu d'une aire hexagonale entourée d'une quantité de tubercules miliaires. La fig. 11 représente quelques tubercules de la face inférieure sous un grossissement de plusieurs diamètres. Ceux .de la face supérieure sont moins gros; d'où je conclus que les soies devaient être plus développées à la face inférieure qu'à la face supérieure. La disposition des plaques se reconnaît souvent à travers cette granulation, surtout dans les exemplaires dont la surface est un peu usée. On peut voir par mes figures que les plaques sont proportionnellement bien moins larges à la face supérieure qu'à la face inférieure; autour de la rosette buccale qui est formée de pièces prismatiques disposées en rayons, elles affectent même souvent une forme allongée plus ou moins irrégulière.

L'étoile ambulacraire est très régulière et ne fait nullement saillie au-dessus du test. Par suite de la convergence des zones porifères, les pétales s'arrondissent à leur extrémité, mais sans se fermer complètement; les postérieurs sont à peine de quelques lignes plus longs que les antérieurs. L'espace intermédiaire entre les deux zones porifères est un peu moins large que ces zones elles-mêmes ; les pores des rangées externes sont allongés, tandis que ceux des rangées internes sont petits et ronds ; les sillons qui les unissent sont dirigés obliquement de dedans en dehors. La rosette apiciale représente un pentagone régulier; les pores génitaux, au nombre de quatre, sont fort distincts et placés à l'extrémité des angles du pentagone ; les trous ocellaires, beaucoup plus petits, sont à l'origine des pétales, dans le sinus du pentagone apicial (fig. 6). La face inférieure est plane ; les sillons ambulacraires y sont assez profonds, mais irrégulièrement ramifiés. La bouche est centrale, petite et ondulée. La rosette buccale est grande et très reconnaissable dans cette espèce ; il n'est pas une suture que l'on ne distingue parfaitement (fig. 2). L'anus est inframarginal, petit et très rapproché de l'échancrure du bord postérieur qui est très prononcée dans celte espèce.

L'intérieur du test présente sur ses bords un labyrinthe très compliqué de piliers, de cellules et de canaux (fig. 4-. 5), en sorte:que la cavité centrale est très restreinte;: et si l'on considère que •l'appareil dentaire (fig. 7) en occupait une bonne partie, il faut convenir qu'il ne restait que peu de place pour les parties molles de l'animal. La fig. 4 montre dans son bord gauche ; et la fig. 5 dans son bord droit, le canal (pi traverse l'extrémité postérieure de l'intestin. Le test lui-même est d'une épaisseur médiocre; près de la bouche il est même très mince.

L'appareil masticatoire est admirablement conservé dans l'exemplaire figuré. La fig. I la montre d'en haut, les cinq mâchoires étant réunies. Dans la fig. 8 le même organe est vu d'en bas, les cinq mâchoires étant séparées. De même que dans les genres précédons , les mâchoires antérieures (a a) sont plus petites et plus symétriques que les latérales (l. l.), dont l'une des branches est sensiblement plus longue que l'autre. La mâchoire impaire est la plus développée de toutes (p) ; la fig. 10 représente cette dernière de profil montrant son épaisseur qui est assez considérable; la fig. 9 la représente en face , pour faire voir sa forme ondulée et la hauteur des lames calcaires, dont elle est hérissée.

Cette espèce paraît être particulière au terrain tertiaire de Bordeaux. Au moins je n'en connais pas d'exemplaires provenant d'une autre localité ; l'exemplaire figuré fait partie de la belle collection de M. Deshayes. L'espèce figurée par M. de Grateloup (Tab. 1, fig. 3) a la plus grande ressemblance avec le S. subrotunda, au point qu'il serait difficile de l'en distinguer, si l'auteur ne disait expressément que l'anus est sensiblement rapproché du centre ; ce qui me fait supposer que c'est le Sc. propinqua.

 

N.R.L.R. original footnote :

(*) Scutella orbicularis, dorso convexiuscula ; ambulacris quinis subovalis, apice coarctatis; ano infra marginem.